La véritable histoire du Père Noël
C’est précisément de nuit qu’il s’agit. Noël coïncide presque avec la plus longue nuit de l’année : celle du solstice d’hiver le 21 décembre. Il s’agit d’un événement astronomique que les savants de l’Antiquité situaient d’ailleurs le 25 décembre et non le 21. Or, dans ces sociétés anciennes, la lumière du soleil était souvent divinisée et associée à la vie alors que l’obscurité était associée aux forces du mal. Au moment du solstice, les hommes célébraient la re-naissance de la nature et le retour de l’énergie vitale. En effet, peu de temps après Noël on peut remarquer facilement que les journées s’allongent.
Les fêtes païennes récupérées par l’église
Bien avant le christianisme les peuplent célébraient déjà Noël avec des illuminations, celle des torches et des feux de joie. Il y avait également les agapes et les étrennes. Ce n’était pas une particularité de Noël car les autres fêtes que nous connaissons aujourd’hui, Pâques, la Toussaint, le Carnaval, … étaient également célébrées dans l’Antiquité. Elles coïncident avec des événements cosmiques saisonniers qui rythment la vie des hommes depuis des millénaires.
Entre-temps, l’Église fit coïncider les grands moments du calendrier chrétien avec ceux du calendrier païen pour mieux les absorber. Comme elle absorba des dieux et des génies remontant parfois à la préhistoire pour en faire des saints ; des sources et des arbres sacrés pour en faire des lieux de miracles, etc. C’est comme cela que Noël a perdu son sens profond pour devenir la célébration de la nativité, la naissance du Christ. Et maintenant que le christianisme est en perte de vitesse, Noël est devenu, au mieux, une fête familiale, au pire : un événement marketing. Mais, dans les deux cas, sans l’ombre d’un doute, il est essentiellement profane.
Le réveil de l’ours et le Carnaval
Peu à peu, notre lien avec la nature s’est distendu. Et pourtant, nous continuons à accueillir l’été, le 21 juin, avec de la musique, l’automne, saison des granges pleines, avec du beaujolais nouveau. Au cœur des Pyrénées, on met à nouveau en scène, au début de février, le réveil de l’ours et, dans les rues de Dunkerque ou de Chalon-sur-Saône, les « cliques » de carnavaleux réinventent le chahut durant les fêtes du carnaval. Dans le nord on les appelle les « trois joyeuses ». Ce sont les jours gras qui précèdent le carême.
Que célébrons-nous alors ? S’agit-il seulement de se défouler comme peuvent le faire les alsacos le 31 décembre en faisant cramer des voitures ? Est-ce pour partager, se rassurer, dissiper la solitude et la pénombre ?
Le mot solstice signifie étymologiquement « pause du soleil ». Nos ancêtres craignaient qu’à minuit, arrivé au point zéro de sa course, l’astre ne s’immobilise, plongeant l’univers dans l’obscurité, la peur et le chaos. Si nous illuminons nos maisons et nos villes durant cette veillée de Noël, si nous nous réunissons dans la chaleur de la table et du foyer, c’est peut-être parce que, nous aussi, nous avons peur, de temps à autre, que le soleil ne s’arrête…
Le Père Noël nous vient d’Amérique
Puis, en 1860, c’est Thomas Nast, le caricaturiste d’un célèbre magazine du genre de Charlie Hebdo, le Harper’s Illustrated Weekly, qui le dessine sous forme d’un gnome ventripotent et farceur, fabriquant ses jouets dans le Grand Nord.
Mais ce n’est qu’en 1930 qu’il prend l’allure familière que nous lui connaissons, avec son manteau rouge et sa barbe blanche. A cette époque, Coca Cola constate que la consommation de ses boissons baisse pendant l’hiver. La firme américaine ressort alors le Père Noël que l'on habille aux couleurs de la compagnie. C’était donc tout simplement une publicité pour le Coca Cola, une « réclame » comme on appelait cela à l’époque.
Le Père Noël est un usurpateur
Le 24 décembre 1951, sur le parvis de la cathédrale de Dijon, un Père Noël est pendu aux grilles, puis enflammé. L’effigie en carton du vieillard se consume en quelques secondes devant plusieurs centaines d’enfants des patronages catholiques ; A l’origine de cette « mise à mort » symbolique du Père Noël, une initiative des autorités ecclésiastiques qui dénoncent le succès grandissant de ce personnage. En effet, le Père Noël – avec sa bonhomie joyeuse – est déjà devenu, dans ces années d’après guerre, un argument commercial au détriment des valeurs morales associées à Noël, si tant soit peu que l’Église considère qu’une mise à mort par les flammes fait partie de leurs valeurs morales. Pour les cathos, le Père Noël est un usurpateur au service de l’argent… donc un suppôt de Satan. Nous vous laissons expliquer cela à vos enfants et la raison pour laquelle, cette année, ils n’auront pas de cadeaux.
Source : Sciences et Avenir HS n°173 – Janvier-février 2013