c'est comme si on l'avait vampirisé
Richard Neururer en reste encore incrédule aujourd'hui. En effet, il a découvert le 10 avril au matin une de ses bêtes sans vie avec la queue tranchée. On peut supposer qu'elle s'est fait attaquée par une bête sauvage et on sait qu'il y a beaucoup de renards qui rodent en Suisse. Pourtant, une chose très étrange écarte cette hypothèse : aucune trace de sang ne tachait le sol. Et plus surprenant encore : la carcasse gisait au sol et ne semblait plus contenir aucune goutte de sang, comme si on lui avait aspiré. C'est quand même très étrange, les renards ne font pas cela, même les renards Suisses.
Pour les autorités locales, l'agneau aurait néanmoins été victime d'un prédateur. Ils avancent même la piste d'un raton-laveur. Mais cette hypothèse est loin de convaincre l'éleveur Thurgovien car il rappelle que c'est la troisième année consécutive qu'une de ses bêtes est tuée à l'époque de Pâques. Pour lui, la piste d'un rite satanique est crédible et c'est pour cette raison qu'il a déposé plainte contre X.
La piste satanique
Le vétérinaire et la police évoquent la piste d'un renard ou d'un raton laveur, mais le berger ne croit pas à cette théorie : « Il aurait mangé toute la bête, plutôt que de ne prendre que la queue », explique-t-il. De plus, c'est déjà la troisième année de suite que l'homme retrouve un de ses agneaux morts à la période de Pâques, ce n'est donc pas un cas isolé. En effet, l'an passé, un petit avait été décapité dans sa grange.
Mon agneau a été décapité. J'ai retrouvé son corps Vendredi Saint devant ma bergerie. Les corbeaux picoraient ses plaies
Déjà, l'année dernière, le berger n'avait pas cru à la culpabilité d'un renard : « La tête a été sectionnée de manière nette, comme si on avait utilisé un couteau. Et un renard n'aurait pas eu la force de casser ses os de la sorte. »
Il évoquait déjà la possibilité d'un sacrifice satanique.
Son avis était d'ailleurs partagé par le garde-chasse Max Hilzinger :
Les moutons adultes ont paniqué et se sont échappés de la bergerie. Ils n'auraient pas eu ce comportement face à un renard. Ils sont habitués à la présence de renards.
Il y a deux ans, le Vendredi Saint, un de ses animaux avait aussi été retrouvé mort dans des circonstances douteuses : « L'animal était mort, mais pas décapité. Et les murs étaient pleins de sang. Ça ne peut pas être un hasard. »
Rituel macabre mais pas forcément une secte luciférienne
Georg Otto Schmid, un expert des cultes interrogé par « 20 Minutes Suisse », explique qu'il pourrait s'agir d'un rituel religieux. Il ne pense pas que ce soit l’œuvre d'un groupe organisé, mais plutôt d'une personne seule. « Certaines personnes veulent se libérer de leurs pêchés et ressentent le besoin de faire un sacrifice », explique-t-il. « Elles attendent donc un jour avec une forte signification symbolique, comme le Vendredi-Saint ».
Le spécialiste n'exclut pas que le sang de la bête ait été recueilli. « Il existe beaucoup de rituels qui nécessitent du sang d'agneau, affirme M. Schmid, parfois pour être bu. Mais c'est très compliqué à réaliser et ça demande de la préparation. » Il est très probable qu'il s'agisse toujours des mêmes auteurs, poursuit l'expert, et que l'acte de cette année soit une évolution de celui de l'an passé. « Je n'exclus pas que la personne boive son sang, en remplisse un bain ou s'en enduise. »
Les origines bibliques de l'agneau pascal
L’agneau pascal est pour les chrétiens un symbole de pureté et d'innocence. Il tire son origine de différents passages de la Bible. Dans la religion chrétienne, il est l'une des représentations du Christ.
Dans la religion juive, la fête de Pâques ou Pessa'h (passage) commémore pendant 8 jours la libération du peuple d'Israël et la traversée de la mer Rouge. Pour commémorer l'exode et célébrer la Pâque, les juifs ont coutume de sacrifier un agneau.
Cette tradition très ancienne tire son origine d'un épisode de la Bible et plus exactement de l'Ancien testament. Nous retrouvons pour la première fois le récit de la Pâque dans le livre d’Exode au chapitre 12. Le verset 14 nous apprend que la Pâque était une fête annuelle exigée par Dieu en mémoire de la délivrance du peuple hébreu après quatre siècles d’esclavage en Egypte. Elle devait être observée par les Israélites « à perpétuité » (Lévitique 23 :5). Le 14ème jour du premier mois du calendrier juif (Nissan), les israélites devaient immoler un agneau selon des règles bien précises et le manger.
Selon les écrits Saints, juste avant la traversée de la mer Rouge, Dieu aurait ordonné à Moïse que chaque famille de migrants sacrifie un agneau et que le sang de ceux-ci soient répandus sur les portes des maisons avec une branche d'hysope afin que l'Ange de la Mort épargne les premiers nés des Hébreux. En effet, selon les écritures Bibliques, la mort des premiers nés était l'un des dix fléaux et il devait frapper seulement les Égyptiens.
Pour les chrétiens, l'agneau pascal n'est que l'ombre et la figure du vrai sacrifice de Jésus ; ainsi, le seigneur ayant été alors sacrifié en figure, ne l'a pas été réellement. Puisqu'il y a plusieurs figures du sacrifice de Jésus-Christ, et qu'il a été souvent représenté dans le Vieux Testament, par les sacrifices, il faut aussi que le sacrifice de Jésus-Christ soit souvent réitéré, et qu'il soit souvent offert, ainsi qu'il a été en figure plusieurs fois. Il n'y a point de différence entre l'Agneau de Pâques et la Cène. Et la messe n'est pas une simple commémoration du sacrifice de Jésus-Christ, mais véritablement un vrai sacrifice qu'ils offrent pour les péchés des vivants et des morts. Mais là-dessus l'Ancien et le Nouveau testament ne sont pas d'accord et il est nécessaire de faire un sérieux approfondissement des deux Livres Saints pour en ressortir des théories crédibles.
Les origines païennes de l'agneau de Pâques
Dans la Bible, le mot Pâque s’écrit sans la lettre « S » terminale. Pourtant, sur tous les calendriers grégoriens, un « S » a été ajouté. En réalité, il s’agit de deux fêtes différentes qui n’ont rien en commun. Aujourd’hui, Pâques est une fête traditionnelle dans beaucoup d'endroits du monde et les gens pensent qu'il s'agit d'une tradition catholique mais elle renferme en réalité plusieurs coutumes.
Bien avant que La Pâques devienne l’une des plus importantes fêtes de la religion catholique, de nombreux peuples païens des temps anciens célébraient le passage de l'hiver au printemps. Tiens ! C'est amusant : on retrouve le mot « passage » qu'on a déjà rencontré dans la tradition juive.
Après les longs mois de restriction de l’hiver pendant lesquels la population devait subsister sur les réserves et les récoltes de l'été, le printemps apparaissait enfin comme le symbole d’une vie nouvelle. Les festivités avaient lieu au moment de la pleine lune du printemps. Dans de nombreuses sociétés, l’équinoxe de printemps était associé au renouveau et à la vie. Or dans ces mêmes sociétés, on croyait à des mythes relatant la résurrection de jeunes et beaux dieux. Des sacrifices étaient souvent pratiqués lors de ces fêtes, particulièrement des taureaux et parfois des agneaux nés en février.