Comment présenter quatre mille ans d'histoire en cent pages ? Que dire de neuf sur un sujet qui a rempli une multitude de livres ? Que sait-on, en 2016, sur le lieu, les circonstances, les personnages qui ont conduit à la naissance du judaïsme ? Les textes bibliques fournissent des réponses, bien sûr, mais les chercheurs aussi. Ils confrontent ces écrits aux données archéologiques, iconographiques, épigraphiques (l'étude des inscriptions). De cette longue histoire, on retiens deux enseignements.
Le judaïsme, qui proclame le Dieu unique, Dieu de tous les hommes, n'a pu empêcher la division au sein de son propre camp. Ses débuts sont jalonnés de scissions et d'antagonismes, de schismes et de « retour aux sources ». Il y eut, au II" siècle avant J.-C., Matthatias (dirigeant politico-religieux juif du IIe siècle av. J.-C., fondateur de la dynastie des Hasmonéens ) et ses compagnons parcourant la Judée pour imposer la « vraie foi » et forcer les juifs « impies » à se soumettre à la Loi de Moïse. Il y eut les sicaires, sous l'Empire romain, sillonnant la ville, poignard (« sica ») à la main pour assassiner en pleine rue leurs semblables, qu'ils estimaient trop proches des Romains. Il y eut, au sein de l'ère chrétienne, les sadducéens, les esséniens, les zélotes et les pharisiens, quatre courants idéologiques, divisés sur la nature du judaïsme. Bref, cette religion, comme d'autres, a dû constater qu'elle pouvait, hélas, prendre le chemin inverse de celui qu'elle souhaitait emprunter. Elle qui voulait l'union, la paix et le partage devenait une machine de guerre dès lors que certains de ses représentants se prétendaient propriétaires exclusifs de ses valeurs et exigeaient l'application de la vérité dans la vie des hommes.
La genèse du judaïsme nous montre justement que la relation à Dieu se passe de rois, de territoires, de temples, de clergés, d'icônes ; cette religion est d'abord une parole. Une « patrie portative », pour reprendre la superbe expression du poète allemand Heinrich Heine. Qui s'étudie, se médite, s'interprète, se transmet. Nous devons à Moïse et ses disciples l'idée que l'homme, dans son rapport à Dieu, n'a pas besoin d'une institution ou d'un souverain qui lui traduirait la loi divine et qui lui dirait comment la vivre. Nous lui devons, pense le chercheur Thomas Römer, l'origine de l'idée de séparation entre religion et pouvoir politique. L'idée que le gouvernement des hommes ne doit pas dicter le gouvernement des âmes.
La relation entre religion et pouvoir politique.
Le judaïsme, qui proclame le Dieu unique, Dieu de tous les hommes, n'a pu empêcher la division au sein de son propre camp. Ses débuts sont jalonnés de scissions et d'antagonismes, de schismes et de « retour aux sources ». Il y eut, au II" siècle avant J.-C., Matthatias (dirigeant politico-religieux juif du IIe siècle av. J.-C., fondateur de la dynastie des Hasmonéens ) et ses compagnons parcourant la Judée pour imposer la « vraie foi » et forcer les juifs « impies » à se soumettre à la Loi de Moïse. Il y eut les sicaires, sous l'Empire romain, sillonnant la ville, poignard (« sica ») à la main pour assassiner en pleine rue leurs semblables, qu'ils estimaient trop proches des Romains. Il y eut, au sein de l'ère chrétienne, les sadducéens, les esséniens, les zélotes et les pharisiens, quatre courants idéologiques, divisés sur la nature du judaïsme. Bref, cette religion, comme d'autres, a dû constater qu'elle pouvait, hélas, prendre le chemin inverse de celui qu'elle souhaitait emprunter. Elle qui voulait l'union, la paix et le partage devenait une machine de guerre dès lors que certains de ses représentants se prétendaient propriétaires exclusifs de ses valeurs et exigeaient l'application de la vérité dans la vie des hommes.
La genèse du judaïsme nous montre justement que la relation à Dieu se passe de rois, de territoires, de temples, de clergés, d'icônes ; cette religion est d'abord une parole. Une « patrie portative », pour reprendre la superbe expression du poète allemand Heinrich Heine. Qui s'étudie, se médite, s'interprète, se transmet. Nous devons à Moïse et ses disciples l'idée que l'homme, dans son rapport à Dieu, n'a pas besoin d'une institution ou d'un souverain qui lui traduirait la loi divine et qui lui dirait comment la vivre. Nous lui devons, pense le chercheur Thomas Römer, l'origine de l'idée de séparation entre religion et pouvoir politique. L'idée que le gouvernement des hommes ne doit pas dicter le gouvernement des âmes.
Seul DIEU libère des dieux
On sait aujourd'hui que le Dieu unique, celui des grandes religions monothéistes, est apparu tardivement dans l'histoire de l'humanité. Avant « Lui » existait une multitude de divinités, on adorait le dieu solaire ou la reine du Ciel... Chacune avait son territoire, ses autorités, ses principes, ses fidèles. Comment, où et dans quelles circonstances, un dieu inconnu, Yahvé, divinité parmi les autres, a-t-il émergé du désert et est devenu l'Unique ? Des spécialistes travaillent encore aujourd'hui à la résolution de cette énigme. Celle-ci garde bien sûr sa part d'inconnu, mais on sait qu'elle a permis l'émergence d'une notion capitale : le monothéisme, l'identification d'un absolu commun à tous les hommes, cet absolu-là, pensé par les premiers juifs, ne doit pas – par construction – être nommé ou représenté, car procéder ainsi serait déjà un acte d'appropriation, de pouvoir et donc de division. Mais l' « existence » de cet absolu, ineffable et universel, est essentielle car c'est elle qui a permis aux peuples de se libérer de toutes les autres croyances, des idoles et des divinités fabriquées par les hommes et qui apportent la division et les conflits.
Le judaïsme naissant nous a placés devant cette question qui, quatre mille ans après, n'a rien perdu de sa pertinence : la seule manière de se libérer des dieux n'est-elle pas de croire en Dieu ?
Le judaïsme naissant nous a placés devant cette question qui, quatre mille ans après, n'a rien perdu de sa pertinence : la seule manière de se libérer des dieux n'est-elle pas de croire en Dieu ?
D'après ERIC MEYER,
REDACTEUR EN CHEF
GEO HISTOIRE
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