Il est environ 10 heures du matin, ce vendredi 29 septembre 2017, quand une élève de terminale du lycée Lumina Sophie de Saint-Laurent Du Maroni se lève en plein cours, sujette à une crise d’hystérie. Les faits se passent en Guyane, le pays du baclou, ce monstre visqueux qui terrorise la population.
La crise de la jeune fille ressemble à une crise d’épilepsie. Elle est prise de tremblements et pousse des hurlements avant de se rouler par terre en transe. Mais d’autres élèves se mettent à faire la même chose comme s’ils étaient pris d’une subite épidémie. On pourrait penser que ce sont quelques élèves qui ont voulu faire une mauvaise farce si ce n’est que la scène se produit dans plusieurs salles de classes du même établissement. On a véritablement à faire à une crise d'hystérie collective.
Les pompiers et le SAMU se sont déplacés et ont pris en charge près de 80 élèves atteints de cette mystérieuse crise, essentiellement des jeunes filles. Il s’était déjà produit un cas similaire en mai 2016 dans un collège de Maripasoula, le collège Gran Man Difou. Comme vendredi, c’était surtout les jeunes filles qui avaient été touchées par cette folie subite et elles refusaient de retourner à l’école, prétendant qu’elle était infestée de mauvais esprits : des baclous.
L’accès au lycée Lumina Sophie a été fermé et les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, sur décision du rectorat. Des parents sont venus récupérer leur enfant tout au long de la matinée et à midi il ne restait plus que 6 jeunes gens aux urgences.
Comment tout à commencé ?
Tout a commencé vers 9h du matin quand un cri déchirant retentissant en provenance de la cour de récréation glace le sang de tous les élèves, professeurs et encadrement. Puis un grand silence. Et quelques minutes plus tard un nouveau cri se fait entendre.
Les cours reprennent pourtant comme si de rien n'était pendant environ trois quarts d'heure avant que des cris retentissent à nouveau, mais cette fois dans une salle de cour. Il y a des élèves qui se mettent à courir à l'extérieur en hurlant elles aussi. Quelques minutes s'écoulent avant que ça recommence à nouveau.
C'est alors que les surveillants commencent à faire le tour des classes pour donner la consigne aux professeurs de ne pas faire sortir les élèves pendant la récréation. Les pompiers et les services médicaux d'urgence commencent à arriver avec de gros moyens : pas moins de six engins d'intervention.
L'intervention des secours
Tout le monde se regroupe alors sur les terrains de sport. Mais on assiste à un enchaînement de crises d'hystéries. Un professeur rapporte sur son blog qu'une « simple feuille tombée d'un arbre atterrie sur l'épaule d'une jeune fille qui se met aussitôt à hurler. Toutes les filles autour d'elle partent en courant et créent un mouvement de panique ».
Les infirmiers administrent des piqures à 9 élèves et plus d'une vingtaines sont prises en charge avec des médicaments pour les calmer. C'est alors que les parents commencent à affluer. Ça ne fait qu'amplifier la crise de baclou qui met déjà tout le monde dans un stress très intense. S'ensuit une belle pagaille et les responsables du lycées ont du mal à faire face à tous ces parents parfois aussi hystériques que leurs enfants.
vous ne pouvez pas le contrôler, vous ne pouvez pas comprendre !
Ceci va durer pendant près de 2 heures avant que tout le monde soit finalement évacué et les grilles du lycée fermées.
Lumina Sophie (5-11-1848 – 15-12-1879) était une descendante d’esclaves qui s’est insurgée contre la ségrégation et le racisme persistant et a pris la tête d’une insurrection au sud de la Martinique en septembre 1870. Le lycée Lumina Sophie a été classé en 2016 à la 8° place du classement des meilleurs lycées publics de France selon le journal Le Parisien.