Ainsi en 856, à Kembden en Allemagne, des pluies de pierres sont observées accompagnées de bruits de tonnerre suivis d’une voix éthérée qui accuse le prêtre du village d’entretenir une relation inavouable. La voix révèle ensuite les secrets de plusieurs habitants du village pendant qu’au même moment, les possessions du principal contrevenant désigné sont détruites par un feu dont la source demeurera inexpliquée.
En Angleterre, le chroniqueur Giraldus Cambrensis (1146-1223) décrit un cas semblable à Pembroke au cours du XIIème siècle alors que de la boue est projetée, les vêtements des témoins déchirés et qu’une voix colérique est entendue discutant avec deux individus présents soit Stephen Wiriet et William Not. Un exorcisme est tenté mais demeure sans effet car les prêtres eux-mêmes sont attaqués par la force invisible.
On dit également que le Malin parlait d’une voix claire à Jean-Marie Vianney (1786-1859), mieux connu sous le nom du curé d’Ars, en lui murmurant : « Vianney, Vianney… ». Denis Chaland, un proche du curé posté occasionnellement derrière la porte de celui-ci, entendit plus de vingt fois un tel appel. Le curé d’Ars d’ailleurs aurait eu bien des démêlés avec le diable et plusieurs témoignages confirment les actes du démon, soit par des apparitions, des bruits infernaux ou des vociférations insultantes se succédant pendant la nuit.
Bien d’autres événements semblables impliquant des voix d’outre-tombe ou surnaturelles ont ainsi été mentionnés par divers observateurs au fil de l’histoire. Parfois une seule personne les a perçu soit un saint, un possédé ou un médium ce qui laisse place au doute devant ces témoignages. Cependant plusieurs de ces voix et discussions ont également été entendues par bon nombre de témoins, il ne peut donc être question de maladie mentale ou d’illusion dans pareille situation. De plus ces voix n’ont pas été entendues à une seule reprise mais bien au cours de périodes de temps diverses allant de quelques jours à quelques années. Par ailleurs ces mêmes voix ne présentent pas un simple phénomène répétitif, mais entretiennent des conversations logiques et censées avec les témoins. Il a cependant toujours été impossible d’identifier leur source. Ces cas représentent un phénomène à part parmi les histoires de poltergeist ou de hantise puisqu’ils semblent vouloir impliquer hors de tout doute la présence d’une entité invisible mais bien réelle, actuelle, et qui désire communiquer.
Par ailleurs en plus de ces voix inexpliquées sont observés certains phénomènes particuliers tels des incendies et des pluies de pierres. Également divers témoignages ont été recueillis concernant des voix associées à des êtres spirituels, anges ou démons, ou du moins à une présence que l’on ne pourrait qualifier de fantomatique mais qui est associée au surnaturel par les observateurs. Parfois, une seule personne est témoin du phénomène et cela porte donc à méfiance puisqu’il s’agit d’un événement qui peut se révéler tout à fait subjectif, il n’en demeure pas moins que de telles expériences sont trop nombreuses pour être ignorées.
Il est possible également de se pencher sur des voix dites surnaturelles reliées à des légendes qui en font état, telle celle des pierres qui parlent. Parfois rapportées dans divers récits de l’Antiquité certaines de ces pierres avaient également la faculté de se déplacer seule sans aucune aide. L’une d’elles est particulièrement célèbre : la pierre parlante de Llechlafar, aussi appelée la pierre loquace, et qui fait office de pont sur la rivière Alyn près du côté nord de l’église de St-David à Pembrokshire, au Pays de Galles. Il s’agit d’une plaque de marbre qui mesure dix pieds de long sur six pieds de large pour un pied d’épaisseur. Elle a été polie avec le temps par le passage des nombreux voyageurs l’ayant traversé et la légende veut qu’un cadavre ait été transporté à travers le pont pour sa destination finale mais quand les porteurs ont traversé celui-ci la pierre a commencé à parler puis a craqué dans son milieu. Depuis ce moment aucun corps n’a plus été transporté à travers le pont, sur lequel la fissure serait toujours visible aujourd’hui, et on utilise maintenant un autre parcours pour mener les défunts à leur lieu de sépulture. Ces voix fantômes demeurent donc difficiles à expliquer, tiennent un discours actuel et logique, et semblent surgir d’une source intelligente qui demeure actuellement impossible à déterminer.
Auteur et ethnologue
Mireille Thibault est titulaire d’un baccalauréat en psychologie, d’une maîtrise en ethnologie, d’un certificat en criminologie et d’un certificat en droit de l’Université Laval (Québec, Canada). En tant qu’ethnologue spécialiste des légendes mystérieuses elle a enquêté pendant plus de trente années dans des lieux dits hantés et a publié plusieurs ouvrages rapportant ses expériences dont Lieux hantés (Presses de l’Université Laval, 2014), Poltergeists et hantises (Quebecor, 2009), Le phénomène des maisons hantées (Quebecor, 2007, deuxième édition, 2011), etc. Elle poursuit inlassablement ces divers mystères qui hantent notre planète et auxquels la science se trouve constamment confrontée.
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